Le spleen du développeur post conférences techniques

Teaser du DevFest Nantes 2018

Nous sommes Lundi, deux jours sont passés depuis le dernière édition du DevFest de Nantes. Je vérifie mes tâches laissées en cours depuis Mercredi soir, leur avancement et leur priorité. Une fois les wagons raccrochés j’ouvre mon VsCode.

Mon éditeur de code démarré, je regarde les fichiers restés ouverts… Tout comme l’immense majorité des speakers du DevFest, mon VsCode est configuré pour utiliser le thème Dark+. Entre nous… quel genre de codeur pourrait bien utiliser le thème light ? Ce visuel me renvoie immédiatement aux conférences, quikies et sessions de live coding suivis pendant ces deux jours de DevFest. Le spleen s’installe, je le reconnais, il m’a déjà envahi par le passé. L’année dernière déjà, tout comme les autres années après chaque DevFest, et également après des événements comme le Devoxx de Paris ou le Web2Day de Nantes. Ma concentration semble en baisse… Une certaine attraction pour le marketplace de VsCode et pour Github vient me parasiter. J’ai soif de découvertes, de nouveautés et de ce “je ne sais quoi” toujours plus cool. Qu’est-ce qu’il peut bien m’arriver ? Quel est ce malaise que le codeur que je suis peut bien ressentir ?

Un collègue vient me poser une question sur un composant react développé il y a peu. Je l’entends à peine, je suis captivé par le t-shirt qu’il porte. Son t-shirt affiche ce slogan : “Code to infinity and beyond”. Je le reconnais. J’ai le même, reçu en cadeau le matin du jour 1 de cet événement organisé par le GDG de Nantes. Mes yeux grands ouverts, je rêve presque. Mon regard est perdu sur la navette spatiale imprimée au centre du t-shirt. Je revois l’affiche du DevFest trônant fièrement au-dessus de l’entrée de la cité des congrès. Il faisait bon en ce matin d’Octobre. Peu de vent, le ciel dégagé. Le DevFest se tenait sous de très bons auspices.

La cité des congrès accueille le DevFest Nantes 2018

Le DevFest Nantes 2018 s'affiche sur la façade de la cité des congrès de Nantes

Je pense que pour comprendre ce qui est en train de m’arriver, il faut revenir à ce que provoque chez les développeurs ces festivals de conférences dédiés au monde du développement informatique.

Pendant deux jours, le DevFest prend place à la cité des congrès de Nantes. Cette année les organisateurs ont annoncé la présence de 1800 festivaliers par jour. Les plus grands acteurs de la scène local en informatique sont présents grâce à des stands dans lesquels ils mettent en scène leurs valeurs et leurs projets. Quand je dis ça, je parle principalement des sociétés de services en ingénierie informatique, mais pas seulement, on trouve aussi des startups.

Le premier point qui pour nous, les codeurs, nous amène vraiment sur ces évènements, reste les conférences proposées. Nous venons profiter du savoir, de l’expérience et du fruit de la veille de nos pairs travaillant sur des technologies émergentes ou en cours d’adoption massive. On vient avec la ferme intention de trouver la librairie, le framework ou l’outil cool et à la mode afin de lancer un projet personnel au cas d’utilisation digne d’une startup et pour pouvoir proposer son utilisation dans notre projet, ou à notre employeur. Les projets de type "hello world !" sont bien sur, également autorisés, je ne juge pas.

 Scène de la salle Titan, amphithéâtre de la cité des congrès

Confortablement assis dans l’amphithéâtre de la cité des congrès

Cette quête nous entraîne dans un rythme effréné où toutes les heures, nous courrons de salle en salle afin d’avoir une place dans une conférence qui nous intéresse. Le postulat est simple, plus on voit de conférence, plus on s’offre la chance d’avoir un ou plusieurs « effet wahou » qui vont nous orienter sur les technologies à utiliser dans nos projets personnels à venir, puis peut être dans nos projets professionnels. Certains speakers, possèdent de véritables compétences dans la tenue de conférence, couplées à des compétences techniques des plus poussées, ils sont de véritables rockstars et nous autres, des groupies prêtent à courir dans des escaliers pour une place au premier rang.

Cette année, pas d’ « effet wahou » pour moi, mais un coup de cœur pour la conférence Machine Learning & JS : Take your PWA to the next level, par Anta AIDARA. Ce DevFest offrait beaucoup de conférence autour de l’intelligence artificielle et du machine learning, TensorFlow érigé en incontournable du moment. La librairie de Google est probablement le produit technologique dont on aura le plus entendu parler sur ces deux jours. Pourtant, Anta AIDARA aura réussi à obtenir l’attention de son audience jusqu’au bout grâce à un bon choix du prétexte l’amenant à parler de TensorFlow. Je ne vous révèlerai pas son sujet dans ce billet et vous encourage à visionner le replay de sa conférence qui sera disponible rapidement sur la chaîne Youtube DevFestNantes.

Machine Learning & JS : Take your PWA to the next level by Anta AIDARA

Alors que, plein d’adrénaline, tel un naturaliste en forêt amazonienne lors de la découverte du continent américain, et avec des yeux d’étudiant en informatique en quête de savoir technologique rêvant d’être le futur Mark Zuckerberg, nous enchainons les conférences alléchantes, nous nous autorisons des pauses pour notre deuxième activité préférée, et qui, à écouter certains de nos collègues, justifient à elle seule, d’aller à ce genre d’évènement, j’ai nommé, la chasse aux goodies. Il y a quelque chose de très enfant chez le développeur, nous avons une fascination pour les accessoires, jouets et stickers, et bien plus encore pour les t-shirts. A l’image d’un enfant déguisé en fantôme portant fièrement son seau à bonbon un soir d’halloween, nous venons avec la ferme intention de rentrer chez nous avec un ou plusieurs sacs pleins de goodies en tout genre. C’est donc toujours plein de détermination que nous passons de stand en stand, de société de services en startup, jusqu’à arriver au stand de Google. Je suis toujours épaté de voir ces codeurs quadragénaires, prendre un goody, et dire de la manière la plus audible possible « c’est pour mon fils ». Peut être que ceux qui tiennent les stands y croient, mais nous, nous savons très bien que c’est faux. On se jette sur les goodies, pour nous, et par compulsion surement.

Pendant que nous chassons le goody, nous arrivons à la dernière des activités : le dating auprès des sociétés qui recrutent. Vous vous doutez bien qu’avec la pénurie de développeur de talent et les moyens dépensés pour avoir un stand et des goodies, les sociétés présentes sur l’évènement se donnent pour mission de nouer des contacts avec les meilleurs d’entre nous afin de les recruter. Imaginez, pendant deux jours, telle une miss France ou un mannequin Russe lors de soirées mondaines, on se fait accoster et courtiser dans le but d’obtenir notre contact pour nous revoir en privé, loin de l’agitation du festival, et si le match est avéré, nous débaucher.

Pendant deux jours complets, nos attentes technophiles sont nourries, des dizaines de mètre d’étales de goodies s’offrent à nous, et les équipes des ressources humaines des acteurs du numérique nous draguent. Comment ne pas ressentir un spleen lorsque le Lundi matin il faut revenir à ses user stories en cours de développements, constater que les murs de l’open space ne sont pas recouverts d’affiches humoristiques, et que nos chaises de bureau sont bien loin de ressembler à d’énormes ballons de rééducation. Et puis la matinée avance et il faut relancer l’intégration continue qui a planté et redéployer la dernière version du projet en cours qui a disparu sans raison apparente. Le téléphone sonne, le numéro du client s'affiche, il devait remonter des points à corriger suite à des tests par des utilisateurs. Il est l'heure d’atterrir, on verra plus tard pour l'infini et au delà...

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